C’est dans la forêt du monde mort que le chevalier à la licorne sauva le roi Kirus pour la première fois. On dit que le sang du cheval blanc a la couleur de l’or et peut soigner les blessures les plus profondes. Corlina, la licorne blanche, et son chevalier, Olobiad, sont devenus inséparables et, à eux deux, ils ont conquis des terres réputées imprenables. Personne ne sait d’où vient le chevalier blanc ni pourquoi il est invincible, mais sa renommée lui vaut de multiples ennemis dans les royaumes qui cernent le château du roi Kirus.
Un jour où Olobiad faisait sa ronde habituelle dans la forêt, il entendit des cris et des gémissements venant du sol au moment-même où Corlina se cabra, l’incitant à descendre de selle. Il fit un tour à pieds, tendant l’oreille et essayant de ressentir les vibrations négatives des alentours. Corlina, sa belle licorne, frémit et vint poser son museau blanc sur son épaule. Elle pesa de tout son poids afin de lui faire comprendre de s’agenouiller, ce qu’il fit. Ainsi, plus près de la terre, il entendit de nouveau des gémissements et colla son oreille au sol. Il se redressa rapidement. Il venait de comprendre : il y avait une caverne sous terre, avec sûrement des êtres en détresse dedans.
Olobiad et Colina passèrent la journée à chercher l’entrée de la caverne qui était dissimulée dans un fossé recouvert de racines et de ronces géantes. Olobiad eut toutes les peines du monde à se glisser dans la fente qui servait d’entrée, mais dès qu’il fut passé, il se retrouva dans un espace immense, d’une température agréable. Les gémissements se firent plus intenses et il eut peur un instant. Corlina, le nez collé à la paroi près de la fente hennit pour lui donner du courage. Il dégaina son épée et avança dans la demi-obscurité. La taille de la caverne laissait sous-entendre que d’autres cavernes (peut-être nombreuses) devaient y être reliées par des couloirs souterrains. Il fallait donc qu’il soit très prudent, car les ennemis pouvaient surgir de plusieurs endroits. Il s’enfonça lentement et silencieusement dans le couloir qui s’ouvrait devant lui.
Le lieu était sombre et humide, mais pas froid. Quelques os et vieux crânes gisaient sur la terre battue. Ses pas résonnaient ; il risquait de trahir sa présence à tout moment, surtout qu’il avait l’impression que cette caverne était habitée car une douce chaleur et une odeur de chair humaine emplissaient l’espace. Olobiad déboucha soudain dans une pièce éclairée par des torches murales et se trouva face à face avec un montre difforme, au regard cruel : Le Diable.
Presque rassuré d’être à la fin du parcours, Olobiad annonça clairement à la bête-humaine, velue, immonde : « Je suis venu pour toi et je te trouve enfin ! Je te cherche depuis la nuit des temps… » Le Diable l’interrompit en riant grassement :
– Je sais, je t’attends depuis la nuit des temps ! Tu n’es pas rapide Olobiad. Et il partit d’un rire sadique. Ok tu m’as trouvé : et maintenant ? demanda Le Diable sans cesser de gigoter. Il ne tenait pas en place, il était sans cesse en mouvement, ne maîtrisant absolument pas ses gestes ni son corps.
– Je suis venu pour te tuer.
Le Diable éclata de rire : Me tuer ! Mais tu ne fais pas le poids petit chevalier à la licorne. Ta réputation t’a devancée, mais tes ennemis étaient misérables, minables, faibles, lâches, ridicules… MOI ! Je suis INVISIBLE ! MOI ! Je suis le ROI DES ENFERS ! Tu es si fragile, là, tout seul… Que crois-tu pouvoir faire contre moi ? Les hurlements du Diable faisaient trembler les murs de la caverne, la bête bavait de rage, elle reniflait bruyamment, rouge de fureur.
Olobiad rengaina son épée et s’assit en tailleur sur le sol. « Rien, dit-il, vraiment rien. D’ailleurs, pour gagner, il n’y a jamais rien à faire. » Et il déposa délicatement ses mains sur ses genoux et ferma les paupières.
Le Diable, stupéfait, intrigué au plus haut point, stoppa net tous mouvements. Pour la première fois de sa vie sans doute, il parvint à se calmer, à se taire. Il n’en revenait pas : comment ce petit chevalier minable pouvait s’asseoir là, tranquillement devant lui sans peur et sans chercher à l’attaquer ni à se défendre ?
– Eh, chevalier, lève-toi et bas-toi ! intima Le Diable. Je te rappelle que tu es venu pour me tuer et j’ai besoin de chair fraîche justement. Ceux qui sont à mes pieds sont rabougris, dit-il en leur balançant un coup de sabot, trop soumis à présent, ce n’est pas drôle et je m’ennuie. Je les mangerai ce soir. Il me faut du nouveau, du rebelle. Approche, froussard, minus. Tu m’entends imbécile, tu es venu POUR ME TUER ! Fais-le ! rugit-il.
– Calme-toi, Diable, et rassure-toi, c’est exactement ce que je suis en train de faire : je te tue… Tu es presque déjà mort.
Le rire du Diable se figea dans un murmure d’interrogation et d’incompréhension. Quelque chose venait de se passer en lui qu’il n’avait pas saisi. Il n’avait soudain plus rien à voir avec la furie qui avait accueilli Olobiad quelques heures plus tôt, il sentait que ses forces l’abandonnaient.
Les deux diablotins enchaînés au piédestal du Diable osèrent lever les yeux sur leur tortionnaire. Le Diable leur montra ses dents acérées en guise de menace, mais sans grande conviction et les deux esclaves ne baissèrent pas les yeux cette fois-ci, ils attendaient la délivrance. Ils avaient déjà compris ce que Le Diable cherchait encore, ils ne le craignaient plus.
Olodiab était le côté lumière du Diable ; Olodiab était Diabolos, et Le Diable ne pouvait rien contre la Lumière.
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